pas tout à fait immortel
Par cgat le mardi 19 février 2008, 01:11 - écrivains - Lien permanent
Je n’ai jamais parlé d’autre chose que de moi. Comme c’était de l’intérieur, on ne s’en est guère aperçu. Heureusement. Car je viens là, en deux lignes, de prononcer trois termes suspects, honteux, déplorables, sur lesquels j’ai largement concouru à jeter le discrédit et qui suffiront, demain encore, à me faire condamner par plusieurs de mes pairs et la plupart de mes descendants : « moi », « intérieur », « parler de ».
Alain Robbe-Grillet, Le Miroir qui revient (Minuit, 1984, p. 10)
Alain Robbe-Grillet est mort la nuit dernière. Même si ce n'est pas mon romancier préféré sur la photo de groupe, je lui sais gré d'avoir su rester impertinent et turbulent jusqu'au bout : se faire élire à l'Académie française était une belle revanche pour un nouveau romancier ; refuser ensuite de sacrifier aux rites de la vieille maison, et en conséquence n'y pas siéger, était mieux encore !
en ligne, pas grand chose :
un article de Michel Contat (Le Monde)
« Alain Robbe-Grillet : Bibliographie » par Christian
Milat
et les pages des éditions de Minuit
Commentaires
Un p'tit tour de photo ?
C'est moi ou c'est une photo de photo qui circule sur le net ? Le bord en bas semble indiquer qu'on a poser la photo sur une table pour la photographier... Je dis ça parce qu'en retravaillant sur cette photo (voir mon billet ci-dessus), je me suis permis de couper le bas du cliché et de signaler une excellente analyse sur la photographie proposée par Johan Faerber, à lire sur Fabula.
Honte à moi qui n'avais reconnu que Beckett (bien sûr !)et Sarraute...
J'ai rencontré (l'un plus longtemps que les autres) trois (ah ! non quatre, mais c'était si vite) des protagonistes de cette photo (ah non! cinq avec le rétro, heurté du bassin, mais ce n'était peut-être pas le même).
Robbe-Grillet avait dans son nom comme déjà la trace d'une gomme, il laissera celle d'un écrivain paradoxalement hors mode et afféteries du "milieu". Ses livres et ses films gardent le parfum d'une époque créatrice : lui-même n'a pas dévié d'une sorte d'intransigeance amusée vis-à-vis du monde dans lequel il fut précipité et vite classifié, alors qu'il a révélé son originalité propre.
Il n'aurait pas aimé se voir flou sur une photo : "Il faut faire le point", aurait-il pu dire, pour mieux voir de l'autre côté des choses. Pierre Ménard a rétabli la netteté du sujet.